lundi 31 mars 2008

Les chinois n'ont aucun cours sur l'histoire de leur pays - Quelle arrogance !! sur rue89.fr

Molto

08H54 02/04/2008

Effectivement, les chinois n'ont aucun cours sur l'histoire de leur pays ( rien sur "l'avant Mao").
Par contre, à la faculté, ils reçoivent des cours de marxisme, maoïsme et deng-xiaopisme, quelques soient leurs études par ailleurs.

Ce n'est pas tant la propagande que l'absence de connaissances sur les autres pays qui est en cause.

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sahelonline

12H12 02/04/2008

Mais quelle arrogance !

Evidemment, que les droits de l'Homme sont un problème en Chine, évidemment que le Tibet est une nation à part entière. Mais je ne vois pourquoi il faudrait nier pour autant que ce soit vrai également des autres ethnies qui composent la Chine, qui ont aussi leur propre culture et sont souvent aussi en train de la perdre. Et on peut aussi bien dire ça des Corses, des Basques, des Bretons, ou des Savoyards, qui ne sont français que depuis 1860 !

OK, le Tibet a été annexé autoritairement et unilatéralement (comme la Corse, by the way...) Oui, mais les relations politiques entre Tibet et Chine remontent au XIIème siècle. Elles ont été perturbées au tournant du XXème par des ambitions russes et britanniques dans la région...

(NB : Vous avez remarqué comme cette "fashion", chez certains "people", qui consiste à défendre la cause du Tibet avant celle de tout autre peuple opprimé —et c'est pourtant pas ce qui manque, encore aujourd'hui : prenez la Corée du Nord, par exemple... ah oui, mais là, c'est leur propre dirigeant qui les opprime : c'est moins romantique, on peut pas être avec le Pauvre Petit contre le Gros Méchant, et puis leur drapeau est moins joli— vous avez remarqué comme cette mode est certes d'origine hippie, bouddhisme oblige, mais surtout particulièrement développée dans les pays anglophones ? Peut-être parce que, comme au Proche et au Moyen Orient, les Britanniques ont un peu foutu leur zone dans la zone à l'époque où (comme nous, hein) ils s'efforçaient de répandre les bienfaits de leur civilisation à l'échelle d'un Empire sur lequel "le soleil ne se couchait jamais".)

...Les premières vélléités d'indépendance affichées des Tibétains se sont exprimées à la même époque à peu près où en Europe se posait avec de plus en plus d'acuité la question du Home Rule en Irlande, par exemple et où la France impériale mettait son Empire en première ligne dans les tranchées de 14-18. Les Algériens (pardon, les Français musulmans d'Algérie) étaient déjà des citoyens de seconde zone depuis 1830.

Quant aux paysans français et anglais, ils ne manifestaient plus tellement, non (ils l'avaient beaucoup fait dans les siècles passés), mais leurs enfants, qui étaient partis pour l'usine ou la mine, se faisaient tirer dessus par l'armée quand ils se mettaient en grève.

C'est comme ça, qu'on a construit notre puissance et notre prospérité. Que ça nous plaise ou non, c'est à ce prix qu'on a fini par pouvoir revendiquer ensuite des droits politiques, économiques, puis sociaux pour tous et ainsi devenir des démocraties à peu près stables dotées d'Etats-providence.

Pour en revenir au Tibet, c'est surtout depuis l'instauration du régime communiste en 1949 que des exactions ont eu lieu, à commencer par une annexion en bonne et due forme.

Les Chinois, comme les Russes et d'autres dans la même situation, en ont chié pendant des décennies au nom de l'égalité et se donnent aujourd'hui un mal de chien pour nous "rattraper" à la fois économiquement et politiquement (conception de l'Histoire affreusement européo-centrique et téléologique, mais j'essaie de faire simple). Ils n'ont JAMAIS connu la démocratie, ils doivent tout inventer. Ca ne fait que 20 ANS qu'ils sortent progressivement d'une part du totalitarisme, d'autre part de la misère. Oui, ça va prendre du temps.

Et en attendant, oui, ils sont une puissance régionale et ils ont des intérêts stratégiques à défendre, comme la Russie, comme les Etats-Unis.
Nous les Français n'en avons plus vraiment, ce qui nous permet de faire les farauds, mais c'est parce que de très nombreux peuples que nous avions mis sous notre domination nous ont arraché leur indépendance le couteau entre les dents et la grenade à la ceinture.

Si aujourd'hui, la France peut continuer à se voir comme une puissance économique et même une puissance politique, c'est parce que nous avons, avec d'autres, construit l'Europe pour être plus forts ensemble et pas au détriment de plus faibles (en tout cas, sur le papier, d'un point de vue institutionnel.)
Faut-il rappeler que ça nous a pris 2 Guerres mondiales et une palanquée d'autres guerres de dimension européenne, depuis aussi loin qu'on puisse retracer la notion d'Europe (bien avant la naissance des Etats-Nations, on se tapait déjà sur la gueule) ?

Est-ce qu'on pourrait faire un effort de mémoire, nous qui avons des cours d'histoire à l'école et comprendre que, si on veut accélérer le mouvement du changement, il faut au moins autant encourager les Chinois dans leurs efforts que les sermonner comme nous nous permettons de le faire ? Sinon, on risque tout simplement de développer chez eux un nationalisme anti-occidental aussi contre-productif en matière de Droits de l'Homme que dangereux pour la stabilité régionale et mondiale.

La dernière fois qu'on a humilié des peuples, ça s'est plutôt mal passé (Allemagne 1919, pour ne citer qu'un exemple consensuel.)

Ca ne veut pas dire qu'il faille faire comme si de rien n'était. Mais si on veut agir pour l'amélioration du sort des Tibétains et des Chinois, il faut accepter :
1) de les laisser s'enrichir (et donc, peut-être, d'arrêter de gueuler à chaque fois qu'une usine se délocalise là-bas)
2) de les laisser mener leurs propres luttes (l'Irak n'est qu'un exemple parmi de très nombreux qui montrent que la démocratie ne s'exporte pas, ne se décrète pas, ne s'exige pas.)

Le mieux qu'on puisse faire, c'est d'échanger un maximum avec tous les peuples de Chine, des biens, des services et des idées. Et de soutenir leurs propres initiatives quand elles vont dans le bon sens. La lutte des Tibétains pour leurs droits civiques et le respect de leur culture en fait partie, mais pas dans l'absolu, pas quand elle passe par le massacre de civils.

Quant à savoir si l'épanouissement du peuple tibétain passe forcément par son indépendance, ce n'est pas à nous d'en juger. Est-ce que le peuple corse est plus ou moins heureux aujourd'hui que si l'île de Beauté avait réussi à conserver son indépendance (ce qui n'a été le cas qu'une trentaine d'années au cours de son histoire) ? Est-ce que sa culture est moins bien préservée que si les Corses étaient restés gênois, puis devenus italiens, ou simplement restés corses ? Est-ce que la Corse n'a pas bénéficié économiquement, et même culturellement, de son appartenance à la France ? Personne ne peut le dire de façon tranchée, mais une majorité de Corses semble plutôt satisfaite du compromis actuel. Et surtout, s'ils voulaient remettre en cause ce compromis collectivement et sans faire couler le sang, l'expérience prouve que c'est quand même beaucoup plus facile à faire en démocratie (voir les évolutions pacifiques vers une certaine autonomie de nombreuses "régions" européennes ces dernières années, qui n'ont pas toutes eu recours au terrorisme avant d'en arriver là.)

La seule position tenable pour les Occidentaux, dans une situation comme celle-ci, c'est de jouer les intermédiaires, de pousser au dialogue. Pas de prendre fait et cause pour un camp.

Quant aux Chinois en général, humilier leur gouvernement après les efforts de dingues qu'ils ont fait pour nous accueillir dans les meilleurs conditions, ce serait vraiment du foutage de gueule. Ben oui, ils n'ont rénové que les façades des immeubles qui donnent sur les artères principales, parce qu'ils n'avaient pas le temps/les moyens de faire mieux. Ca ne vous arrive jamais, vous, quand vous recevez à dîner, de balayer en urgence les moutons sous le canapé ? C'est toujours mieux d'avoir balayé un peu que pas du tout. Souvent, après, on est content de soi et ça donne du courage pour balayer le reste.

Ce qu'il faut que nos dirigeants fassent, c'est leur expliquer que les Tibétains ne sont pas des moutons, même quand ils sont très énervés.

Vous pouvez participer au débat sur le site : www.Rue89.fr

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